Aujourd’hui j’ai encore des choses à dire sur le seggsy yoga.

Déjà, je ne résiste pas à l’envie de teaser que je vais avoir l’immense plaisir de prochainement recevoir ma #1 inspo du seggsy yoga sur ce podcast, ce sera un épisode en anglais donc si tu parles pas anglais couramment c’est le moment de bosser ton duolinguo mais au pire t’inquiète je posterai sur le blog la transcription complète de l’interview en anglais et en français pour mes “oui oui baguettes sûres”. J’ai vraiment trop hâte parce que cette femme… well c’est simple, je la follow depuis 2015 et je l’appelle mon “instagramom” - si tu me suis depuis un moment tu vois peut-être de qui il s’agit parce que j’ai souvent partagé son contenu… ce qui m’a d’ailleurs valu quelques conversations houleuses à base de “c’est pas du yoga caaa” avec d’autres yogis autour du petit dej en retraite de Yoga.
Je lui ai dit que j’aimerais beaucoup qu’elle réponde à cette question notamment dans le cadre d’une interview pour le pod et elle a accepté ! Mais elle m’a dit qu’elle allait recevoir du monde chez elle pour Thanksgiving donc surement après ou début 2025. 

J’espère que je ne mets pas la charrue avant les boeufs en annonçant ça, mais je ne pouvais pas le garder pour moi !

Anyway, cette semaine j’ai continué de penser au sujet “seggsy yoga” et j’ai aussi - et surtout - binge watché Ally McBeal, mais c’est bien tombé parce qu’il y a eu un passage qui a vachement résonné avec ce que je ressens.

C’est un passage de l’EP04 de la S02 de la série, le plaidoyer de Nelle Porter pour défendre sa consoeur Ally McBeal qui a été arrêtée pour outrage à magistrat parce qu’elle a refusé d’obéir au juge quand il lui demandé de porter des jupes plus longues dans son tribunal. (24’min là j’en suis à S02E20 min 28). Nelle, incarnée par Portia de Rossi se lève et dit : 

« Personne ne conteste le respect que l’on vous doit dans ce tribunal. Si Ally se présentait en baskets ou avec des vêtement troués ce serait autre chose, mais vous pénalisez une avocate parce que vous jugez sa tenue trop sexuellement risquée et c’est injuste.
- Si elle mets en péril la crédibilité de ce forum…
- En quel honneur ? l’interrompt Nelle, cette assomption sous-entend qu’une qu’une femme femme parce qu’elle est sexuellement attirante perd toute sa crédibilité ? C’est un préjudice. C’est déjà assez compliqué que les professions légales soient un “boys club” mais pourquoi les femmes devraient-elles se présenter comme tels ? 
- Personne ne vous demande de vous présenter comme des garçons 
- Toutes les affiches, tous les magazines nous disent qu’on doit ressembler à des tops models et d’un autre côté il faut qu’on se batte avec le refrain habituel : Si elle est jolie, c’est qu’elle est sûrement stupide. Personnellement, je lutte contre ce préjugé et je me plie à ce préjudice… Je n’ai pas son courage, si je l’avais, peut-être que parfois je viendrai les cheveux détâchés dit-elle en libérant ses longs cheveux blonds ondulés. Si je n’avais pas peur que les gens automatiquement me traitent d’allumeuse, je ne porterai pas toujours de vestes. Mais les gens, hommes et femmes, tirent toujours des conclusions injustes. On à conscience de ce biais et on l’accepte. Mais pas venant d’un juge. Et le plus décevant dans tout ça c’est que vous avez vu cette femme plaider une cause. Vous avez écouté ses arguments et elle a gagné son procès et vous la jugez à cause d’une jupe trop courte.
Et elle se penche pour conclure par un : que doit-on faire ? »

Que doit-on faire pour être une prof de Yoga crédible ? 

Dans les commentaires du reel de Mathieu Boldron - qui par ailleurs en est à + de 93.000 vues, soit environ 6 fois plus que la plupart de ses autres reels - l’immense majorité des yogi sont hilares se moquant de “toutes ces profs de yoga qui salissent la discipline par leur petites tenues et gestes lascifs”. Notamment un qui m’a particulièrement triggered, de la part d’une femme qui en substance disait “allez vous rhabiller”. J’ai scrollé un peu sur son profil, une photo sur deux c’est son décolleté et puis elle pratique en micro short. Donc le short oui, mais le body non ? Le décolleté oui, mais la brassière non ? Notre crédibilité se mesure-t-elle aux centimètres de tissu qui couvrent ou découvrent notre corps ?

Mais est-ce que l’essentiel, au-delà du faire que chacune se sente à l’aise dans sa tenue, ne soit pas aussi et (surtout ?) ce que nous ces femmes apportons à nos élèves / abonnées ?

Dans l’un de ses premiers posts, nude_yogagirl qui a désormais plus d’un millions d’abonnés à ses superbes photographies très artistiques de postures de yoga complètement nue disait :
« Je m'inquiète des pressions que les femmes peuvent ressentir à cause de leur corps. Faire du yoga m'a aidée à accepter et à aimer mon corps. Il s'agit de ressentir de l'intérieur, pas de regarder à l'extérieur. Nos corps sont capables de choses étonnantes.❤ Je voulais montrer que la nudité est naturelle. Être en paix avec soi-même, c'est accepter son corps. Et tu devrais accepter le tien, parce que tu es belle exactement comme tu es. ❤”

Moi-même je ne compte plus le nombre de fois que depuis 10 ans que j’enseigne le Yoga des femmes sont venues me dire combien je les inspiraient à se lâcher un peu plus, à être un peu plus wild, à se faire un peu plus plaisir à channel their inner goddess sur le tapis, à se réconcilier avec leurs corps en appréciant enfin se regarder dans le reflet du miroir s’il y en a dans la salle, ou sur les vidéos qu’elles s’autorisent à prendre - parce qu’on sous-estime le NOMBRE de femmes qui ne se filment pas parce qu’elles ont peur de ce qu’elles vont voir, un bourrelet jugé disgracieux et c’est le mood de toute la semaine qui peut-être fichu en l’air…

Comme Ally McBeal qui gagne son procès en mini jupe, ce qui compte le plus c’est c’est ces victoires-là. Et 1000 victoires valent mieux qu’une oui, en ce sens la popularité d’une prof qui touche sa communauté est extraordinaire. Mais n’oublions pas qu’1 simple victoire en vaut 1000, donc il ne faut pas sous-estimer l’impact positif d’une prof de Yoga pas très populaire et je dis ça si jamais toi qui m’écoute tu es une élève et que tu te dis “ya du monde dans ce cours, le.a prof.e est forcément bon.ne et à l’inverse ya pas beaucoup de monde ça doit pas être un.e bon.ne prof.e”, mais je le dis aussi au cas où toi qui m’écoute est une consoeur namasté et que tu as tendance à te flageller genre “je suis pas une bonne prof parce que mes classes sont pas remplies et plus j’ai que X followers sur insta”. Franchement si on a changé positivement la vie d’une élève dans toute notre carrière, c’est une immense victoire. Alors oui bon financièrement c’est pas nécessairement la réussite enfin quoi que ça dépend : si l’élève en question est millionnaire et décide de t’embaucher…

Je suis obligée d’aborder la question de l’argent pour parler de ce sujet parce que même si on aimerait vivre de trocs et bons sentiments comme à Burning Man, malheureusement notre société ne fonctionne pas ainsi et malheureusement le corps des femmes est le plus exploité dans le monde à des fins perverses.

Or, je rejoins Nelle Porter, l’hypocrisie est énorme. Les magazines nous disent en effet que si on veut valoir quelque chose dans cette société et pour certains métiers pouvoir même simplement les exercer, il faut être jolie - comme par exemple le métier d’actrice ou de prof de Yoga

Extrait beauté fatale p94

mais on est immédiatement tyrannisée quand on joue le jeu, l’extrait que je viens de lire est d’ailleurs tiré d’un chapitre intitulé : “Le triomphe des otaries”. 

L’hypocrisie est énorme aussi parce que nous ces femmes qui nous mettons plus ou moins en scène, avec des intentions, des motivations parfois différentes mais qui en général avons le désir commun d’inspirer d’autres femmes à se sentir bien dans leur peau tout en travaillant sur notre rapport à notre propre corps à notre façon, c’est-à-dire oui, en l’exhibant, on est traitées comme si nous étions honteuses.

Pendant ce temps-là, sur le site de porno n1 au monde, la vidéo la plus regardée de “Yoga” comptabilise 87 millions 900.000 vues. C’est plus que la population totale de la France !
Et c’est pas tout, pour préparer l’épisode j’ai tapé “Yoga” sur YouTube. Juste Yoga, même pas “sexy yoga” sur YouTube et pareil les trois premiers résultats sont dégoutants. Quand on tape “yoga sensuel” sur YOUTUBE toujours, alors là on se demande carrément si on a pas été automatiquement transféré automatiquement sur un site pornographique. Rien que là tu vois combien le Yoga, et surtout combien les femmes qui pratiquent le Yoga - comme celles qui portent des mini-jupes - sont hyper sexualisées.

Ca me rend triste parce que dans le lot de recherches pour sensual yoga, je tombe notamment sur la chaine qui semble merveilleuse d’une jeune femme “the bare female” dont le slogan très bloom est “let yourself unfold” illustré avec une rose et dont l’intention écrit-elle est de “donner accès à une zone sans jugement permettant à chacun d'explorer sa personnalité sensuelle, de se reconnecter à son corps et de se sentir responsabilisé par sa féminité, tout au long de la pratique transformatrice du yoga.” 

Dans son commentaire au reel de Mathieu Boldron, Alice Girard - consoeur namasté que je n’ai pas besoin de présenter car tu fais certainement partie des plus de 328.000 abonnées qui la suivent déjà - dit à juste titre “Un corps reste un corps. Ce sont nos regards qui y projettent des connotations, des jugements, ou des fantasmes. La question de la sexualisation du corps féminin devient alors centrale : est-ce que ce n’est pas notre société qui sexualise de manière disproportionnée certains mouvements, certaines postures, ou même simplement le fait d’exposer un corps féminin ? Est-ce que ce n’est pas notre regard qu’il faut questionner ?”

Effectivement, on ne me retirera pas de la tête que ces millions de vidéos dégueulasses
- le sexe n’est pas dégueulasse en soit mais il faut savoir que l’immense majorité du contenu sur ces sites sont criminel à savoir des viols filmés, parfois sur des mineurs, et le plus souvent ces femmes sont pas des “petites starlettes fame thirsty” mais des victimes du traffic sexuel. 
sur ces milliers de sites dégueulasses, visionnées par des milliards de personnes plus ou moins dégueulasses mais dans tous les cas pervertis par une industrie ignoble qui abusent leurs esprits et imagination autant qu’elle n’abuse des corps de ces femmes qui ne vivent pas vieilles parce que soit elles meurent d’overdose pour cope avec les traumas, soit elles succombent à cause de maladies, soit elles se suicident tellement il est difficile de continuer avec ce qu’elles ont vécu, ou encore elles sont assassinées.

Qu’on le veuille ou non, consommer ce genre de contenus plante de mauvaises graines dans nos esprits malléables. Un qui explique très bien cette influence c’est Ran Gavrieli dans son fameux Ted Talk « pourquoi j’ai arrêté de regarder du porno » où il donne l’exemple de lui sous la douche, réfléchissant très sérieusement à quelle chanson il aurait chanté si lui aussi faisait The Voice après avoir regardé l’émission quelques minutes. Lui qui n’est pas musicien ne se serait pas interrogé dessus s’il n’avait pas vu l’émission et il explique combien la consommation de pornographie a mis de la violence et de la colère dans son imaginaire. Et on le sait, ça gangrène notre société parce que “ouin ouin” je me plains de pas pouvoir poster mes vidéos de yoga seggsy en paix sur instagram, mais ce que je déplore plus, pour moi et pour mes soeurs from other mothers : c’est notre sexualité pas épanouissante voire inexistante beCAUSE les rapports sont si violents.

On se fait insulter par-ci, étrangler par-là et j’en passe et des meilleures, une fois, deux fois parfois 356 fois et au bout d’un moment en fait on dit stop en fait. I’m good, ce soir je vais plutôt chercher le nirvana en faisant des backbends. Ma parole qu’un backbend, quand c’est bien fait, peu importe ta tenue, le style de pratique, seggsy ou pas : c’est yorgasmique.

Et si ce n’était pas le cas à l’époque, aujourd’hui non seulement je ne fais plus d'efforts pour séduire les hommes, mais carrément je fais des efforts pour me désavantager. Alors parfois ça m’embête quand pour le coup je croise quelqu’un qui me plait, mais globalement, j’évite d’être cataloguée comme une bimbo et je m’assure des journées plus sereines dans les rues de Paris en portant du long, du large, du noir. Est-ce que ça m’amuse ? Non.
Est-ce que je voudrais qu’il en soit autrement ? Oui. Est-ce que j’admire le courage de celles que je vois passer en court, moulant, coloré ? Oui. Je ne peux pas m’empêcher de me dire “elle n’a pas peur, elle”. Du coup, est-ce que je me venge sur les réseaux sociaux ? Oui.
Est-ce que j’ai moins envie de le faire parce que y’a désormais trop de Jean-Mich dessus ? oui aussi. 

Comme Nelle Porter, le préjugé m’a rattrapée - en réalité il ne m’a jamais vraiment quitté car à l’époque j’osais plus le contenu spicy parce qu’il y avait beaucoup moins d’hommes aux yeux rempli de porno sur l’app mais quand même je passais beaucoup de temps à me justifier de pourquoi j’avais envie de publier de tels contenus…

Au passage on m’a souvent dit “attention whore” as if c’était un insulte alors qu’il n’y a aucun mal à vouloir de l’attention. C’est complètement humain comme feeling. On a besoin d’attention pour vivre, c’est prouvé. Les animaux ont besoin d’attention. Même les végétaux ont besoin d’attention so je ne vois pas le problème. En plus INDEED j’ai cruellement manqué d’attention en grandissant, donc oui j’ai une blessure à ce niveau-là mais ça me dépasse la façon dont on moque les filles quand elles ont une blessure d’abandon et à l’inverse toute la commisération accordée aux hommes quand c’est leur cas. On trouvera toujours touchant le Jean-Mich’ qui a des mommy issues et pathétique la Jacqueline qui a des daddy issues.

Je passais donc beaucoup de temps à me justifier et puis j’ai été full rattrapée par le préjugé, comme Nelle Porter qui n’ose pas retirer sa veste et détacher ses cheveux au tribunal, moi je n’ose plus trop retirer mon long tee-shirt et whip mes cheveux dans mes videos. Comme Nelle je me suis mise à envier le courage des autres ce qui a commencé à me créer à mon insu une certaine admiration mêlée de frustration pour d’autres consoeurs qui ne se laissent pas démoraliser par quelques commentaires dégoûtants comme par exemple “belle pose, mauvais angle” ou encore “je me mettrais bien derrière ça” comme j’ai pu lire sur les superbes photos de nude_yogagirl.

Mais voilà, réaliser cet épisode m’a fait réaliser combien à mon insu j’ai commencé à me priver de ça pour éviter les pervers et les jugements et j’ai réalisé à quel point le plaisir d’être mon full wild self derrière mon écran et recevoir des compliments et des feedbacks positifs sur la façon dont j’embody mon body permet à d’autres de cultiver plus de sérénité dans leurs corps et leurs sensualité.

Bon après y’a d’autres paramètres aussi que je n’ai pas discutés là y a eu aussi l’entrée du féminisme radical dans mavie avec tout ce que ça implique de raisonnements sur ma vie personnelle mais aussi - et je suis au regret de le rapporter - le shaming que j’ai pu subir de la part de certaines soeurs de lutte qui m’ont beaucoup blessées…

Bref, ce n’est qu’un court épisode de podcast mais je crois que je pourrais écrire un essai entier à propos de ça.

Pour finir, je voulais dire que c’est fini, je ne vais plus me censurer comme j’ai pu le faire depuis quelques années. Ready to show some more pétales !

Bloom bloom blooom !!! 

SOURCES : 

Ally McBeal S02E04 - 24’
My Church - Maren Morris https://www.youtube.com/watch?v=zvh3SC7y_EE

https://www.instagram.com/reel/DCKqxeMxKQQ/?igsh=OTM5d3lwcGwyc3Zz
https://www.instagram.com/p/-r-s_lhm7d/?taken-by=nude_yogagirl

https://www.youtube.com/watch?v=gILD4-tnaGc&t=8s
Alice Girard : https://www.instagram.com/alicegirardyoga/

https://www.sound-fishing.net/recherche/otarie
Beauté Fatale - Mona Chollet
Résister à la culpabilisation - Mona Chollet

Femmes qui courent avec les loups - Clara Pinkola Estes

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