EP51 – Beam & Bloom : Comment le Yoga peut aider à surmonter les violences domestiques

Sont dans un bateau, mais ni l'une ni l'autre ne tombent à l'eau, au contraire ! Elles refont surface & voguent... 




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Bonjour, je m’appelle Hermine Prunier, fière cock-blockeuse professionnelle de fuckboys et autres narcissiques et par ailleurs, fondatrice de TimeToBloom, podcast & coaching en épanouissement personnel par le Yoga.

Je suis ravie de te retrouver pour un nouvel épisode du TimeToBloom Podcast, l’émission qui n’a qu’une ambition : te voir te sortir et guérir de ta relation toxique et te voir bloomer, te voir… rayonner ! BEAM !

Aujourd’hui j’ai le plaisir d’accueillir une femme profondément inspirante, une consoeur namasté qui à ma connaissance est la seule du game à avoir aussi choisi de dédier son enseignement aux femmes dans l’emprise d’une relation toxique ou aux prises de syndromes post-traumatiques conséquents aux violences domestiques.

Peut-être la connaîtras-tu déjà pour avoir déjà pris des cours avec elle, ou pour avoir vu son nom dans les médias, son histoire ayant été médiatisée et pour cause, son ex - que je me retiens d’injurier au passage - avait une certaine notoriété.

Je le précise simplement pour dire combien à mes yeux, Marie Truchot est une source énorme d’admiration.

Non seulement je n’ai pas connu le niveau de violence qu’elle a subit lorsqu’elle était en couple avec son ex, mais en plus il avait l’ascendant de la popularité, et pourtant, malgré les ragots et le backlash, Marie s’est défendue et a obtenu justice.

Son ex a été condamné le 5 juillet dernier à quatre ans d’emprisonnement, dont un an avec sursis, pour violences conjugales, séquestrations et menaces de mort envers six anciennes compagnes, dont Marie.

Pendant ce temps-là, elle est sur le point de lancer la nouvelle version de son programme “Recharge” !

Je suis très honorée de porter sa voix dans mon humble émission et j’espère que tu auras autant plaisir à écouter notre conversation je n’ai eu à interviewer la douce warrior, Marie Truchot.

Bonne écoute !

Hermine 
L'introduction je l'enregistrerai en post-prod, du coup on peut attaquer directement dans le vif du sujet avec la question la plus difficile en interview : est-ce que tu veux bien te présenter s'il te plaît ?

Marie 
Salut Hermine, je m'appelle Marie Truchot, j'ai 32 ans, je suis professeure de yoga depuis 2019 à Paris et en ligne via un programme de yoga en ligne et un studio de yoga en ligne et aussi la maman d'une petite fille qui va bientôt avoir trois ans.

Hermine
Est-ce que tu peux faire un peu tes présentations namasté ? Je linkerai dans les sources de l'épisode ta vidéo YouTube, « Comment je suis devenue prof de yoga », où tu réponds en longueur à cette question, mais en quelques mots : pourquoi avoir eu envie de t'essayer à cette pratique et l'enseigner à ton tour ?

Marie
Ouais, bien sûr. Alors si je me suis mise à faire du yoga, c'est parce que je faisais de la danse au conservatoire quand j'étais plus jeune... Et je me souviens très bien qu'à l'époque de l'adolescence, même si j'étais pas capable de le formuler, ça m'aidait à traiter mes émotions. C'est ce qui était un peu ma soupape de sécurité et qui me permettait de souffler dans une semaine où voilà, je n'avais pas pu gérer tout ce qui se passait dans ma vie d'adolescente.
Mais quand je suis arrivée à Paris, j'étais étudiante et j'ai rapidement eu une mauvaise hygiène de vie, j'ai arrêté toute activité physique et globalement, moi... -et j'imagine qu'il a d'autres personnes pour qui ça arrive- quand j'ai du mal à traiter mes émotions ou que je les ignore, ou que je ne me mets pas un peu face au problème, j'ai tendance à tomber dans des excès, donc de fumer, de boire de l'alcool, de sortir en soirée beaucoup trop longtemps pour oublier ces émotions qui sont parfois douloureuses. Et ça m'est aussi arrivé d'avoir des comportements à risques de prise de drogue quand j'étais plus jeune à cause de cette non-gestion des émotions.
Donc je savais qu'il fallait absolument que je retrouve un contact avec le mouvement pour gérer mes émotions et je me suis mise au yoga parce que ça m'attirait et parce que je savais que derrière il y avait une philosophie. Donc ça a commencé comme ça.
Et puis, mais c'était assez ponctuel, c'était une fois par semaine, mais c'est rapidement devenu essentiel dans ma vie quand j'ai dû sortir d'une relation toxique et super violente...
En gros, de 2016 à 2018, j'ai eu donc une relation toxique et extrêmement violente avec un rappeur qui s'appelle Moha La Squale.

Chez moi je n'étais pas en sécurité puisque je me faisais agresser physiquement donc partir de chez moi et aller au yoga déjà c'était être en sécurité loin de la maison, avoir un temps de calme de repos mental et physique et puis bah c'était aussi être au contact d'une prof et d'une communauté qui était bienveillante, il n'y avait pas de jugement,  je me sentais très bien, à l'aise.
Et je remettais aussi mon corps dans une expérience physique positive, c'est comme ça que je l'appelle, dans le sens où à la maison, oui, je vivais de la douleur, de la violence, des coups. Là, j'étais dans l'inverse, j'étais dans me faire du bien, être en bonne santé.
Voilà donc mon corps, je prenais soin de moi à travers le yoga et donc ça me faisait énormément de bien. Et puis ça me permet très rapidement de gagner confiance en moi.
Donc voilà, c'est comme ça que je me mets vraiment au yoga au début.

Hermine
Merci pour ce partage qui m'émeut toujours beaucoup.
Tu m'en avais parlé il a longtemps de ton expérience et je dois quand même te le dire - et ça me fait plaisir de le dire à voix haute dans ce micro - mais pour moi tu es une source d'inspiration extraordinaire parce que je te trouve tellement courageuse. Je suis super touchée.

Marie 
Merci Hermine

Hermine 
Je n'ai pas eu le courage que toi tu as eu de te rendre face à la justice et de pouvoir nommer ton agresseur. (...)
Et du coup voilà, ça me touche énormément. Et je trouve ça intéressant parce que comparé à moi, je n'avais pas le yoga dans ma vie quand je traversais ma relation toxique, je l'ai découvert après pour m'en sortir. Et donc c'est un peu évident la façon dont ça m'a aidée pour le suivi.
Je trouve ça intéressant de l'avoir eu pendant et d'avoir déjà trouvé cette soupape de décompression dans un niveau de violence que moi-même je ne connais pas.
Donc je trouve ça super intéressant et je me demande est-ce que tu crois que ça t'a aidé à sortir de cette relation ?

Marie
Absolument. En fait, pense que ça a fait partie du déclic où je me suis dit que je ne pouvais plus du tout rester dans cette relation.
C'est un peu ce qui m'a ouvert les yeux en permettant de voir que j'étais sous emprise, que ce que je subissais n'était plus possible, que je n'étais pas assez forte aussi pour m'en sortir toute seule et que je devais peut-être demander une aide extérieure.
Parce que bah oui effectivement, comme je l'ai dit, j'étais entourée d'une prof, d'une communauté qui était bienveillante, donc j'entendais des paroles, des mots qui étaient inspirants.
Tu vois toutes les notions de non-violence, les enseignements du yoga, de faire attention à ce qu'on consomme au quotidien, que ce soit ses relations, que ce soit les films, la musique, parce que ça fait aussi partie des enseignements du yoga. De toute cette hygiène de vie à laquelle on doit porter attention.
D'avoir une discipline aussi de vie. Parce qu'on ne peut pas du tout avoir une discipline de vie quand on se fait taper dessus, c'est la dernière des choses à laquelle on pense... Enfin toutes ces notions en fait philosophiques du yoga, je les entendais et donc elles résonnaient et quand je les comparais avec ma vie, je me rendais bien compte qu'il avait un souci, que moi je ne pouvais pas appliquer ça dans ma vie tant que cette relation en fait était dans ma vie. Que je ne me donnais pas l'amour que je méritais de me donner, le respect que je méritais de me donner en restant dans cette situation et que c'était à moi en fait de... bah d'aller demander de l'aide et de me bouger pour me sortir de ça.
Et puis bah voilà après dans toute sa dimension physique au yoga tu découvres quand même que ton corps est capable de trucs extraordinaires que tu penses pas du tout possible au début.
- C'est pour ça que moi j'ai un avis particulier sur "les postures extraordinaires", on pourra en reparler après, mais je pense que ce n'est pas que mauvais puisque parfois ça te permet aussi de reprendre confiance en toi, de découvrir que "wow, t'as réussi à faire ce truc que tu pensais absolument impossible". Tu gagnes en force, tu gagnes en endurance et tu te rends compte que tout est possible en fait, que tu es capable, tu te trouves un pouvoir, une puissance via ta pratique physique qui est assez extraordinaire et qui te donne l'impulsion de partir, l'impulsion de changer, une impulsion de vie qui est assez forte.
Donc j'avais l'impression que chaque séance de yoga que je faisais, ça me permettait de faire place libre aussi dans mon esprit, dans mon cerveau, mentalement, de prendre du recul.
Et puis j'avais l'impression du coup que ça me sortait de ma culpabilité, parce qu'il y a énormément énormément de culpabilité dans cette relation toxique. J'étais un peu accusée de tous les mots : d'être vicieuse, d'être menteuse, d'être la responsable des coups que je recevais.
En fait, aller au yoga, ça me faisait comme un reset mental, tu vois ? Vraiment, ce n'était pas OK. Non, tu n'es pas du tout responsable de tout ça. Casse-toi.

Hermine 
Ouais je suis d'accord sur les postures extraordinaires, ça résonne aussi parce que du coup moi je me souviens : c'était pas le premier cours que j'ai pris, j'en avais pris quelques uns avant mais ce n'était pas le style qui convenait pour me plaire mais bon bref, le premier cours où j'ai accroché, je me souviens avoir fait "Dancer Pose", "Natarajasana" et être en complète hallucination de ce que j'étais capable de faire puisque moi aussi j'avais été tellement rabaissée dans ma relation, pour le coup je n'ai pas reçu de coups physiques mais constamment mon ex me disait que j'étais bonne à rien quoi... Donc d'être capable de faire une posture que j'estimais n'être pas du tout à ma portée...
Sans trop y penser, sans réfléchir, j'ai chopé mon pied et tac, j'étais dans la posture !
Et c'est ouf parce que à l'époque j'étais journaliste pour 20 minutes, c'était pour une chronique que j'ai assisté à ce cours, donc j'ai la chance d'avoir des photos de ce premier cours.
Et cette posture c'est la photo qui avait illustré l'article d'ailleurs et tu me vois,  j'ai le smile ! Comme je ne l'avais pas eu en trois ans.
Donc ouais je comprends tout à fait ça !
Et du coup pour continuer sur la même comment dire idée dans ta vidéo YouTube tu fais allusion au fait que le yoga a été le Kickstarter pour te sortir de cette galère personnelle que tu as traversé en 2019. Est-ce que tu peux développer un peu ça s'il te plaît ?

Marie 
Bah donc comme je te dis, je gagne confiance en moi et je vois que mon corps est capable. Donc je décide vraiment de quitter cette personne. Le process, est assez long.
Je le quitte peut-être dix fois avant de réussir vraiment à le quitter, mais en tout cas le déclic est fait et je veux vraiment partir.
A ce moment-là je me lance dans le yoga d'une manière presque extrême mais ça me permet d'avoir un cadre dans ma vie, notamment quand après avoir été sous-emprise plusieurs années, je me retrouve complètement seule.
C'est très bizarre de passer d'une relation où t'es suivie, où ton téléphone est fouillé, où t'as plus aucun droit humain, où en fait tu prends plus aucune décision, où tu dois toujours prévenir de ce que tu fais, où tu es, à quelle heure, avec qui, à la solitude.
Genre tu ne sais...
Enfin, t'es hyper contente, t'es super libre et tout, tu te dis « waouh, je respire ». Mais en même temps, il y a cette angoisse énorme - et qui est difficile à avouer au début-, mais qui réelle : c'est que tu ne sais plus vivre seule.
Donc je me relance dans le yoga et ça me supporte énormément, ça m'accompagne dans cette fin de relation.
Je me lance à fond là-dedans, vraiment ça devient un outil de vie, une passion, mon lifestyle et je ressens le besoin de transmettre ce que j'ai appris.
Donc je quitte mon travail, je quitte mon appartement, je quitte Paris et je pars me former, passer mon diplôme de prof au Mexique auprès d'un prof que j'estimais énormément, dont j'avais déjà suivi les masterclass, donc je pars là-bas. Et là-bas, j'ai l'impression que je laisse derrière moi en fait cette vie d'avant et où je commence mon chemin de guérison.
A l'époque, j'ai l'impression que j'achève un truc. J'achève de quitter quelqu'un, je termine une période de vie, sauf que certes, j'achève cette relation, tout ça, mais je commence seulement ma guérison et elle va durer longtemps ! On ne se guérit pas d'une relation toxique et violente d'un claquement de doigts en un mois de formation de yoga !
Malgré le fait que ça aide énormément, c'est un petit peu plus long.

Hermine 
Mmh-hmm.

Marie
Donc voilà, et comme cette guérison est longue et en dents de scie...
Et le yoga m'accompagne pendant les années qui suivent à plein de niveaux différents. Si au début, c'est plus effectivement, comme je te disais, dans la pratique physique, gagner confiance en soi et devenir un peu un athlète quoi, avoir un corps vraiment hyper musclé, hyper fort, hyper souple aussi, qui est capable de trucs incroyables.
Petit à petit, je rentre dans une phase plus douce où je me forme sur le yin, où j'apprends à me donner de la douceur, à respecter un peu plus mon corps et ses intensités.
Enfin, ça ouvre plein de portes en fait, et pas seulement une seule, pour traiter le stress post-traumatique qu'on finit par me diagnostiquer à la fin de cette relation bien sûr.
Et ça c'est le yoga, je le découvre en plus d'avoir été ce Kickstarter pour me sortir ce déclic, pour me sortir de la relation, je le découvre en deuxième partie comme cure à mon syndrome de stress post-traumatique sévère en fait. Parce qu'il faut savoir que alors que je me crois sortie de la relation, que j'ai l'impression que c'est fini, ça y est, il a plus de violence, voilà....
En fait, je découvre ce que c'est de vivre avec un stress post-traumatique sévère et quotidien. Donc, de ne pas dormir une seule nuit complète entière, d'avoir des cauchemars, d'avoir des crises ou des tocs en pleine nuit, de se relever, d'aller vérifier que la porte est bien fermée, d'être complètement déconcentrée, de ne pas pouvoir suivre une conversation longtemps, de partir dans des pensées ou dans des flashbacks pendant la conversation et de demander aux gens de répéter...
Toutes ces choses qui ponctuent le quotidien, tous les comportements d'évitement, le fait de ne pas repasser dans les quartiers où j'ai pu avoir des souvenirs avec la personne, enfin, voilà, tout ça quoi. Et en fait, je commence à m'intéresser au sujet, je découvre  que je ressens moi quand je fais du yoga c'est "véridique" et ça a été prouvé scientifiquement. Il y a un psychiatre américain qui s'appelle Bessel van der Kolk qui a écrit un bouquin qui s'appelle "Le corps n'oublie rien". Il est un des plus grands spécialistes sur le traumatisme au monde, d'ailleurs qui a ouvert un centre sur le trauma à Boston et dans son livre il a consigné toutes ses études sur la guérison du traumatisme et le traitement du stress post-traumatique, 30 ans d'études, 30 ans de sujets, et il donne le yoga comme l'une des meilleures thérapies, parfois plus efficaces que la thérapie médicamenteuse, dans le traitement du stress post-traumatique après des relations difficiles, après des personnes qui ont vécu la guerre ou des choses comme ça quoi !
Donc là je comprends beaucoup mieux ce que j'ai vécu, que en fait quand on vit une relation comme ça aussi intense et aussi violente le traumatisme il ne s'inscrit pas seulement mentalement il a un vrai impact physique sur le corps qui modifie la façon dont fonctionne le cerveau, modifie la façon dont fonctionne le système nerveux, le système immunitaire et toutes nos réactions sont différentes.
Pour changer ça, la meilleure des choses à faire, c'est certes de soigner le mental, mais parfois ce n'est pas possible tout de suite, c'est difficile de trouver la bonne approche, mais en tout cas de soigner aussi le corps en fait, de remettre le corps dans ce que je disais tout à l'heure : l'expérience physique positive où en fait, on est dans le présent, on est en train d'agir, on est en train de faire quelque chose physiquement et donc on guérit le traumatisme de cette manière.
Et le yoga, il est parfait pour ça.
Donc voilà, un chemin de guérison qui est assez long mais qui est ponctué du yoga en permanence et puis par cette envie, en fait, de transmettre cet outil aussi au quotidien, un peu comme toi...

Hermine 
Oui

Marie
...De montrer que bah oui le yoga c'est une philosophie de vie mais c'est un merveilleux outil au quotidien pour les personnes qui ont vécu des choses difficiles et du coup j'en fais un peu mon sujet principal. Voilà.

Hermine 
Super ! bah écoute, ça m'amène directement à ce que tu m'avais dit quand je t'ai proposé l'interview - parce que je t'ai expliqué que c'était une élève et amie et consoeur qui m'a suggéré de faire l'interview avec toi, parce que c'est vrai que je te suis depuis longtemps, mais Instagram nous montre bien que ce qu'il veut - donc je ne savais pas que tu avais pris un tournant dans ton enseignement, et du coup c'est Marie, elle s'appelle Marie également (clin d'œil si elle nous entend), qui m'avait dit "tu devrais lui proposer une interview parce qu'elle axe son enseignement là-dessus également" et du coup tu m'avais répondu, tu m'avais dit:
"Disons que ces quatre dernières années, j'ai développé une vision du bien-être un peu disruptive, je me suis détachée du yoga traditionnel pour vraiment l'utiliser comme un outil de bien-être/self-love, entre autres outils".
Je te donne la parole, mais au passage, je te souhaite un joyeux anniversaire de 5 ans de Beams Yoga, puisque j'ai vu juste avant de t'appeler que c'était aujourd'hui !

Marie 
Merci beaucoup !
Ouais merci ! Bah oui en fait en 2020 toujours dans cette idée de transmettre le yoga que j'ai moi-même reçu et qui m'a aidée à aller mieux - et qui m'aide encore aujourd'hui d'ailleurs, voilà c'est jamais vraiment terminé hein !
Donc dans cette idée de transmettre ça je cherche un peu une manière de le faire parce que je t'avoue que en tant que professeur je trouve que d'enseigner dans les studios parisiens me demande de respecter un cadre qui est celui du studio et du coup je n'ose pas trop arriver avec ma méthode et je me dis "mais qui suis-je moi, jeune profe, qui a passé son diplôme il a un an et demi pour dire : alors coucou mon yoga il va t'aider si tu as vécu des relations difficiles et des traumatismes" enfin tu vois genre !
Je ne me sens pas légitime et dans ce monde du yoga hyper concurrentiel ...
Lorsque le covid arrive, ça me permet de travailler un petit peu plus dans mon coin là dessus et du coup je sors un programme de yoga en ligne qui est couplé d'une retraite.
Le principe étant de partir cinq jours vivre une retraite dans laquelle on a effectivement du yoga, des méditations, du breathwork, des cercles de parole et puis d'enchaîner sur le programme en ligne qui dure, enfin qui durait à l'époque trois mois, qui contenait tout ce qu'il fallait pour poursuivre à la maison, avec en plus des audios de motivation pour mettre en parallèle les enseignements du yoga avec ta vie perso, et des méditations qui se basent sur les enseignements que j'avais reçus en lisant ces livres de Bessel van der Kolk sur le trauma et aussi sur "Femmes qui courent avec les loups" de Clarissa Pinkola Estes que j'ai trouvé exceptionnel pour toute femme qui a envie de reprendre confiance en elle et de s'émanciper, surtout suite à une relation dans ce cas hétérosexuel - puisqu'il quand même un truc de homme-femme qui était fort mais voilà...

Hermine
La Bible.

Marie 
Donc je crée ce programme et effectivement il a un vrai succès. Ça marche bien, j'ai un article dans la presse et j'ai de plus en plus de clientes.
Je le lance avec fierté et tout... Mais je pense que là où j'en étais, moi... Enfin disons qu'aujourd'hui avec le recul, je pense que c'est ce que je peux dire, à l'époque je le voyais pas mais... comme j'étais au début de ma guérison, je ne suis pas encore consciente de tout ce qui compose mon traumatisme et de tous ses enjeux.
Je dis à demi-mots qu'effectivement "mon programme s'adresse aux femmes qui ont vécu des relations difficiles".
Mais je n'ose pas parler de tout ce qu'il derrière. Je n'ose pas effectivement parler du stress post-traumatique qui peut en découler.
Je n'ose pas parler de toutes les notions féministes qu'il y derrière, de ce que c'est de se positionner dans un couple hétérosexuel quand on une femme aujourd'hui.
Enfin, toutes ces notions-là qui font partie, en fait, de tous ces sujets.
Je pense que je n'ose pas encore les aborder. Et bon, voilà, quatre ans après, le programme, est en refonte en ce moment, il est enrichi, il est... Il est plus grand, est plus... voilà, il est plus... il est plus intense, il est plus engageant, mais... mais il arrive enfin... bah... à maturité, un peu comme moi, et la fin de ma guérison. Voilà. Donc... Tu vois, c'est un programme qui a mis quatre ans vraiment à... à mûrir.

Hermine
Hmmm, hmmm, Bloom ! Félicitations !

Marie
...Un peu comme moi, un peu comme la procédure judiciaire, un peu comme, tu vois, la guérison du stress post-traumatique, ça prend du temps, en fait.
Et voilà, il est vraiment le reflet de tout ce chemin.

Hermine 
C'est extra ! C'est la métaphore de TimeToBloom. C'est pour ça que j'ai choisi ce nom pour ma marque. C'est vraiment l'idée de la graine que l'on plante et du processus qui prend du temps pour développer des fleurs... Et puis quand tu une fleur qui a bloomé,  une autre commence à germer, etc. C'est tout à fait ça.
Puis ça me parle beaucoup parce que je suis moi-même en plein dans le processus de lancer mon programme également, qui est dans le même état d'esprit.
Alors, j'ai confié à quelques connaissances que j'allais t'interviewer et que tu as déjà ton programme et qu'il marche déjà vachement bien. Et du coup, on m'a répondu "ohlala, mais tu n'as pas peur de lui faire de la pub et de perdre des clientes pour toi ?"
Je n'ai pas du tout ce mindset-là !

Je serais ravie, tu vois, si j'ai des des auditrices qui t'entendent et qui ont besoin là tout de suite ou qui se retrouvent plus dans ton discours que dans le mien... Pour moi, ce qui compte, mon désir, ce n'est pas tellement d'avoir du succès dans le lancement de mon programme, même si j'espère en avoir d'une certaine façon évidemment, mais ce qui compte pour moi c'est que les femmes se sortent du merdier dans lequel elles se trouvent et dans lequel on est tellement - effectivement j'apprécie que tu en ai parlé, parce que c'est une vraie question féministe - vraiment socialement élevéEs à nous retrouver dans ce bourbier et rester et conditionnéEs à supporter tout ça donc...

Marie
Oui.

Hermine 
Donc non, moi je suis ravie que tu le fasses et j'aimerais qu'on soit plus nombreuses dans les studios aussi parce que je suis d'accord avec toi : il y a cette pratique de la performance en studio, faut que les cours soient intenses, il faut que ça transpire, il faut que tu sautes dans tous les sens, des handstands, des backbends, jump through, jump back... Et c'est sympa !
On ne dit pas que ce n'est pas sympa ! On est toutes les deux rentrées dans le délire par cet aspect physique, c'est certain que c'est chouette !
Mais effectivement, il y a tout cet aspect de douceur dont tu parlais tout à l'heure aussi qu'il essentiel de se donner justement, où il n'est pas de performance, où on n'est pas là pour se prouver quoi que ce soit, pour rentrer dans des postures comme on rentre dans des cases...
Et ça manque dans les studios et en plus, ça manque d'autant plus qu'on le sait, nous, quand on discute avec nos consoeurs : on est très nombreuses à se rendre au yoga justement parce qu'on a des problèmes relationnels, quels qu'ils soient, affectifs etc.
Et il y a tellement, tellement de profs, surtout des femmes, qui sont venues au yoga suite à des relations toxiques. Et on sait qu'il y a plein
d'élèves dans nos cours - comme c'était ton cas-, qui viennent alors même qu'elles sont en train de vivre des relations difficiles.
Donc c'est dommage qu'on ne s'autorise pas plus et qu'on ne nous encourage pas plus à avoir ces discours auprès de nos élèves. Pourquoi pas même programmer un cours vraiment « marketé » en ce sens.

Marie 
Ouais, franchement je pense qu'en cinq ans d'enseignement je n'ai jamais rencontré quelqu'un.e qui était venu.e au yoga sans chercher autre chose derrière.
Parfois elles ne savent pas ce qu'elles cherchent mais personne ne vient au yoga juste pour faire du sport. On vient tous parce qu'on a une très bonne raison, parce qu'on cherche des réponses, parce qu'on cherche quelque chose d'autre.

Hermine
Ouais, je suis d'accord.

Marie
On vient digérer des émotions, parce qu'on oublier notre ex... bref pour plein de raisons différentes.
Mais on ne vient pas juste pour faire du sport quoi.
Sinon les gens ils vont courir, ils vont au fitness, à la salle quoi.
Mais si tu viens au yoga c'est que tu viens chercher autre chose derrière. Enfin la plupart des gens en tout cas. Donc...

Hermine 
et ben c'est de cette autre chose dont j'ai envie de parler maintenant, parce que du coup j'ai été éplucher ton site et j'ai vu plein de choses super inspirantes !
Déjà j'adore ta DA, mais au delà de ça c'était les méditation que tu proposes sur ta plateforme dont je voudrais que tu parles maintenant :
J'ai noté "le corps n'oublie rien", ça t'en ai déjà un peu parlé tout à l'heure mais n'hésites pas si tu as envie d'élaborer un peu plus. "Pour l'amour de l'âme", "à corps perdu" et "la femme sauvage"...
Pour le dernier, je devine que ça a un rapport avec "femme qui court avec les loups" qui est un livre - je rigole en disant "c'est la Bible" mais pas loin !
C'est un livre qui me touche beaucoup et dans le TimeToBloom podcast, il n'est pas rare que je parle de livres, que je cite des livres, j'adore partager un peu mes lectures : donc si tu as envie de partager un peu plus sur ce livre en nous parlant de toutes ces méditations, eh bien, c'est avec plaisir.

Marie 
Et ben donc comme je te disais, vraiment les deux livres moi qui ont... enfin il y a énormément de livres qui enrichissent mon enseignement du yoga au quotidien, mais vraiment ceux sur lesquels je me suis appuyée notamment pour créer le programme, c'est ces deux livres là. Donc le livre "Femmes qui court avec les loups" de Clarissa Pinkola Estes, ce qui est hyper intéressant c'est qu'elle est psychologue. Elle s'appuie sur Jung et ses théories, ses archétypes, toutes ses visions sur la femme, et elle part du principe que les contes de notre enfance sont des leçons pour les femmes, et que simplement on nous les a lus alors qu'on était des petites filles, donc on n'a pas vu le sens caché de ces contes.
Elle nous donne donc son interprétation avec tout ce qu'elle peut mettre en perspective de la psyché féminine et toutes les mises en garde en fait que chaque conte fait aux femmes. Donc je le trouve assez passionnant surtout qu'il aborde plein plein plein de questions de la relation amoureuse toxique jusqu'à la sexualité.
Je trouve que c'est un outil d'émancipation et d'exploration de soi qui est super ce livre !
Donc j'ai basé plusieurs de mes méditations sur ce livre et ces concepts.
Et l'autre livre, j'en ai parlé tout à l'heure, "Le corps n'oublie rien" Livre écrit cette fois-ci un psychiatre. Mais quand même les deux sont quand même branchés à psycho.
Ce qui est drôle parce que moi, j'ai jamais pu franchir la porte d'un psy...

Hermine 
...

Marie 
...au début de mon traumatisme, ça m'a mis énormément de temps avant d'aller voir un psy, je pouvais lire leurs livres.

Hermine 
Intéressant... Tu asfini par y aller du coup ?

Marie
Oui, mais seulement maintenant, et encore,  en faisant de l'EMDR, la psychothérapie classique ne m'ayant pas du tout convenu...
Ca réveillait les symptômes de mon stress post-traumatique à chaque séance psy, je devais en parler, ça me faisait cauchemarder, ça me remettait dans des angoisses terribles...
A chaque fois je repoussais la prochaine séance psy et c'était terrible, je n'arrivais pas du tout, du tout, du tout à me mettre dedans quoi.
Donc il a fallu que je passe effectivement par d'autres moyens, le yoga, la méditation, étudier mon traumatisme, étudier ma psychanalyse féminine, étudier tout ça avant pour dégrossir quoi (to prune) et puis pouvoir ensuite aller plus facilement en parler quoi.

Hermine
Et l'EMDR du coup ça te fait du bien ?

Marie 
Écoute, c'est le début mais oui, pour l'instant, j'ai l'impression que ça réduit relativement les symptômes du stress post-traumatique.
Après, je te cache pas que c'est pas la seule chose que j'ai essayé.
Pour atténuer les symptômes du stress post-traumatique, j'ai commencé en même temps que l'EMDR une cure de micro-dosing de psylocibine. Ce sont donc des champignons dits "hallucinogènes", - c'est absolument illégal en France, je précise quand même qu'on n'incite pas à la consommation de substances illicites- mais effectivement c'était une tentative pour voir ce que ça donnait sur un trouble qui est quand même assez lourd au quotidien tu vois.
Donc j'attends de voir ce que l'un et l'autre donnent.
C'est pour ça aussi que je te disais que j'ai une vision du bien-être qui est relativement disruptive !

Hermine 
Je comprends, comme beaucoup savent peut-être déjà même si maintenant ça fait presque deux ans bientôt que j'ai arrêté, mais pendant très longtemps je consommais du cannabis à forte dose ! J'étais plutôt sur le macro-dosing en ce qui me concerne !
Mais ouais j'ai fumé quotidiennement pendant près de dix ans et alors c'est marrant parce qu'il y a quelques années, je sais plus par quelles circonstances, mais je me suis retrouvée à avoir mon ex au téléphone (je le répète, ma relation avec mon ex n'était quand pas aussi terrifiante que la tienne, même s'il a été pas sympa. C'est absolument pas comparable donc voilà, je pouvais l'avoir au téléphone) bref lui, ce qu'il regrette terriblement de notre relation, ce n'est absolument pas les insultes qu'il a pu proférer concernant mon intelligence, mon corps, tout ça, mais c'est le fait de m'avoir fait découvrir le cannabis. Et du coup, lui disais, "bah pas du tout, rassure-toi, si je peux te donner des complexes, un peu de culpabilité, ce serait plutôt sur ça, ça, ça et ça."
Pour le coup ça, ça va au contraire, ça m'a justement aidée ! Tout à l'heure tu parlais du fait d'apprendre à être seule. Et alors moi c'est pas parce que j'avais eu cet homme dans ma vie à qui je devais rendre des comptes tout le temps, mais c'est juste parce que je n'avais jamais... Je pense que le conditionnement était tellement lourd sur le fait qu'il fallait que je sois en couple ou au moins désirée par un homme dans ma vie pour valoir quelque chose dans cette société qu'effectivement, je ne savais pas être seule.
Et donc, cannabis m'a permis de (ré)apprendre ça et de trouver du plaisir à être seule et à passer la soirée chez moi à profiter pour onduler sur mon tapis des heures durant (entre autres).
Est venu un jour le moment de me séparer d'elle, de Mary-Jeanne.

Marie 
Ouais, je comprends totalement.

Hermine 
elle ne me faisait plus autant de bien et je pouvais voler de mes propres ailes du coup j'ai arrêté, mais ça a été profondément thérapeutique pour moi donc...

Marie 
Oui, je pense que parfois, enfin... Bon là, pour le coup, c'est très encadré. C'est suivi par un médecin, ça dure six semaines. C'est pas fait au hasard, hein. Et c'est autorisé aux Pays-Bas, c'est comme ça que je peux me permettre d'en prendre. Mais par contre, c'est totalement illégal en France. Donc voilà.
Et effectivement je trouve pas mal d'intérêt et un énorme soulagement, surtout sur la concentration avec la psyllocybine.
Le yoga m'aide mais ça va être un effet assez court qui va ne durer que quelques heures après la séance où effectivement je vais me sentir apaisée donc plus concentrée et voilà, mais ça ne va pas durer plusieurs jours comme là psylocibine peut le faire quoi.

Hermine 
Hum... Hum, je comprends.

Marie
Voilà donc... Et l'EMDR seulement maintenant puisque bah avant c'était vraiment pas du tout tout tout possible avant à part aller sur mon tapis de yoga m'épuiser et pleurer en savasana, y'a pas grand chose qui était possible tu vois...
Pour en revenir aux méditations...
Elles sont inspirées effectivement de tous ces corps qui nous composent et qui sont des éponges, qui prennent en fait tout ce qu'ils subissent, tout ce qu'ils entendent, tout ce qu'ils voient.
Que toutes ces choses ne passent pas juste dans notre cerveau pour s'en aller, elles ont une réelle empreinte sur nous.
D'où les douleurs somatiques que certaines personnes peuvent ressentir après des relations toxiques ou même pendant d'ailleurs.
D'où les changements de comportement, d'où les réactions totalement incontrôlées...
Bon voilà tout ça, on le voit dans les méditations.
En tout cas on essaye de poser un autre regard dessus et peut-être de reconnaître aussi ses comportements via les méditations.

Hermine
Ok, trop cool. Est-ce que juste tu peux expliquer les différents corps pour quelqu'un qui ne saurait pas qu'on en a plusieurs ?

Marie 
Tu veux les cinq ?

Hermine
S'il te plaît. Si tu les as en tête.

Marie 
Dans la philosophie du yoga, on estime qu'on a cinq corps, qu'on n'a seulement une enveloppe physique, mais qu'on a une enveloppe énergétique, une enveloppe intellectuelle, une enveloppe... Enfin on a plusieurs enveloppes, jusqu'à notre enveloppe spirituelle qui contient la matière de notre âme.
Et donc ces différentes couches sont impliquées différemment dans toutes les étapes de notre vie, dans tout ce qu'on traverse.
Au yoga, on considère beaucoup ces cinq corps, tout ce qu'on fait, que ce soit le mouvement, la respiration, la méditation à un lien qui permet d'interéagir avec ces cinq corps. Et donc je trouve qu'effectivement, ça se met pas mal en perspective avec toutes ces études-là.
J'essaye de faire simple parce que je me dis les pauvres si je...

Hermine
Non, non c'est super ! C'est juste que quand on sait pas... moi je sais que avant de découvrir le yoga, tu m'aurais parlé de "plusieurs corps", j'aurais dit... What ? Parce que chez moi le corps ça s'arrête à l'épiderme. Et en fait non ! D'ailleurs on le sent bien quand on est dans la rue et que quelqu'un vient se tenir juste à côté de nous, qu'il est dans notre espace, notre bulle, bah c'est déjà nos corps, ceux qu'on ne voit pas à l'oeil nu.

Marie 
Oui, on est cinq.
Effectivement, je trouve aussi que la philosophie du yoga ça peut être un petit peu "inaccessible" parce que c'est des notions qui sont tellement éloignées de ce qu'on nous apprend en Occident.
Et parfois, il a des concepts qui nous sont tellement étrangers qu'effectivement... visualiser qu'opense que c'est pas forcément super facile à concevoir. expliquer ça de la manière la plus simple, c'est effectivement je trouve que l'exemple du métro avec les gens qui sont autour de toi dans ton espace, c'est... Oui, c'est un bon exemple tu vois, parce que c'est pas des notions que je trouve super faciles et super accessibles quoi.n a cinq corps, un corps mental, un corps en prana et un corps... enfin tu vois, pranayama kocha et genre...

Hermine 
Non c'est clair !
J'ai une dernière question avant de conclure, elle n'était pas dans la préparation de l'épisode mais c'est juste parce que ça me taraude énormément en ce moment...
Déjà parce que je suis confrontée à cette situation dans ma vie actuellement en étant de l'autre côté dirais-je de la situation... ce n'est pas très clair mais bon ça va faire du sens dans deux secondes ! 
Voilà, on en a beaucoup parlé dans mon interview justement de mon amie thérapeute Shahnou récemment et puis je m'interroge aussi beaucoup du coup parce que je vis cette situation actuellement : Comment est-ce qu'on peut venir en aide de femmes qui sont dans cette situation ?
En l'occurrence quand ce sont des amies ?
Comment on fait pour les aider ? Parce que je sais pour avoir été dans leur situation dans le passé que... C'est difficile !
Moi personnellement, je n'étais pas dans le déni, je savais que j'étais dans la merde, on avait beau me dire "sort de la merde", je continuais de nager dans la merde ! 
Quel conseil tu voudrais donner à une femme qui est dans une relation toxique pour s'en sortir ? Et quel conseil tu voudrais donner à une femme qui a une amie dans une relation toxique pour l'accompagner et l'aider à s'en sortir ?

Marie
Alors, une femme qui est dans une relation toxique et potentiellement violente physiquement, je lui dirais que même si ça lui paraît pour l'instant inutile et insensé : garder toutes les preuves et de les envoyer par mail à une amie ou à une autre adresse mail. Parce que si jamais elle est vraiment sous-emprise, la personne avec qui elle vit fera tout pour supprimer les preuves de sa maltraitance et son emprise sur elle. Et y arrivera.
Donc il faut absolument qu'elle communique tout ce qu'elle a et qui montre son quotidien, qu'elle l'envoie à quelqu'un en dehors de chez elle.
Parce que peut-être bien qu'un jour ça la sauvera en fait. Et ça lui permettra peut-être d'accélérer son processus de guérison en ayant une justice, un procès, un jugement qui ira en sa faveur à elle.
Et c'est vrai que ça accélère quand même la guérison quand on est reconnu comme ayant été victime de ça et que l'autre est reconnu coupable.
Pour la personne qui est spectatrice et qui voit son amie faire ça, c'est hyper difficile d'être dans cette position parce que je pense que tant que... c'est un peu comme la dépression en fait, tant qu'on n'a pas eu soi-même le déclic et qu'on n'a pas décidé que cette fois c'était vraiment terminé, toutes les personnes autour de nous auront beau intervenir, on fera rien en fait, on mettra pas fin à la relation.
Donc je pense qu'il faudrait lui mettre à disposition les numéros de professionnels ou d'hébergement d'urgence pour les femmes qui ont besoin d'aide.
Car c'est l'un des premiers problèmes : l'hébergement d'urgence, quand en pleine nuit il y a une crise de violence ou de couple et qu'on ne pas où aller...
Et puis lui montrer qu'on est là, qu'on est prête à l'écouter sans la juger et lui répéter que lorsqu'on te fait du mal comme ça, quand on te rabaisse : on ne cherche pas leur bonheur, c'est pas de l'amour. 
A force de le dire, au bout d'un moment ça finit par raisonner...
Mais à part être là, écouter sans jugement, sans lui dire "mais enfin pourquoi tu ne pars pas ? C'est si facile !" juste être là et écouter, lui montrer que vous êtes disponible, je pense que c'est le plus important et c'est ce qui va la pousser à vous parler de plus en plus, à se confier et puis un jour à venir peut-être chercher votre aide pour enfin s'en sortir quoi. Voilà.

Hermine
Merci beaucoup pour cette super réponse ! C'est vrai que je n'y aurais jamais pensé à envoyer les preuves par mail, mais c'est vrai que ça fait tellement de sens.
J'ai déjà recommandé à des amies d'écrire, de tenir un journal de ce qui se passait et tout, ne serait-ce que pour valider quand ensuite elles sont gaslit "Non, c'est comme ça que ça s'est passé, l'histoire ne va pas être réécrite".
Mais le fait d'envoyer les preuves par mail, c'est effectivement une très très bonne idée.

Du coup, est-ce que tu as envie de faire la promo de Beams Yoga ?
Est-ce que tu as envie de parler un peu plus du programme comme il est maintenant ?
Tu avais dit tout à l'heure qu'avant il durait trois mois intialement, combien de temps est-ce qu'il dure maintenant ?
Partage tout ce que tu as envie de dire à ce sujet.

Marie 
Bah ouais, bien sûr !
Là on est fin octobre 2024, le programme est en pleine refonte, il est prêt à sortir sous sa version 2024 pimpée, yeah !
Il sera moins long puisqu'il fera seulement deux mois au lieu de trois. Par contre il sera plus riche.
Toujours le même nombre de cours de yoga, mais par contre il est enrichi en exercices de groupe puisque j'avais fait le test sur le premier programme et c'était quelque chose qui était très apprécié de trouver le soutien d'une communauté, de personnes pour échanger qui avaient vécu la même chose et d'avoir des retours extérieurs, d'être encouragée par une communauté bienveillante.
Il y aura plus d'exercices et plus d'ateliers en fait en groupe.
Il sera toujours couplé avec la retraite de cinq jours qui du coup suit l'intensité, l'engagement et la transformation du nouveau programme.
Attendez-vous à vivre une expérience assez prenante et transformatrice.

Hermine 
Yeah, bloom !

Marie 
Et bien sûr, puisque la guérison, ça dure pas juste huit semaines et cinq jours de retraite, ça dure plusieurs années, pour continuer : il y a la plateforme en ligne sur laquelle il a des cours qui sont postés chaque semaine pour continuer de pratiquer, même si vous n'habitez pas à Paris, même si vous habitez au bord de la mer et que vous avez de la chance. 
Et pour rejoindre le programme, allez sur le site BeamsYoga, soit sur Instagram sur Marie Truchot, ou bien vous inscrire directement à la newsletter via le site.

Hermine 
Oui pensez à vous inscrire aux newsletters des gens, c'est super important, je le répète tout le temps. Déjà, je le disais au début, Instagram nous montre bien ce qu'il veut. Et puis si jamais notre compte est supprimé, qu'on puisse toujours rester en contact, c'est important.

Marie 
Voilà, merci à toi Hermine !

Hermine 
Et c'est marrant, j'ai pensé que Beam ressemble beaucoup à Bloom dans l'idée.
C'est deux mots courts qui commencent par la lettre B et j'ai vu que pour un post promotionnel de Beam, tu avais partagé cette citation Insta - enfin, ce n'est pas une citation d'Insta, mais c'est une citation qu'on voit beaucoup sur Insta - le fameux "Bloom where you are planted". Et est-ce que tu peux dire  ce que ça veut dire pour toi ?
Pourquoi t'as partagé cette citation ?
Qu'est-ce que ça t'a inspiré ?

Marie 
Parce que je pense que quand on a vécu des relations toxiques, des événements qui sont traumatiques ou des choses un petit peu difficiles dans la vie, on a tendance à se dire que l'herbe est peut-être plus verte ailleurs, que l'autre fille là-bas elle a l'air d'avoir plus de chance et que si on était comme elle, on serait mieux, qu'on n'aurait pas les mêmes opportunités ou pas la même vie, qu'on serait plus heureuses...
Je trouve que cette citation, elle nous encourage à nous épanouir avec ce qu'on a, avec ce qu'on est, à assumer toutes les facettes de notre personnalité pour vivre vraiment de manière authentique et puis je pense que c'est vraiment en incarnant notre véritable nous qu'on est le plus aimé et qu'on est le plus heureux et qu'on est le plus épanoui.

Hermine 
et qu'on rayonne ! C'est ça que ça veut dire, "beam" c'est ça ? 

Marie 
Ouais, le verbe "to Beam" veut dire rayonner en anglais et le nom commun  "beam" c'est des poutres de charpentes qui soutiennent la maison.
Donc le double sens j'ai trouvé que c'était très cool et très approprié ! 

Hermine
J'adore !
Merci beaucoup Marie pour cette formidable interview, j'adore tout ce que tu as donné, c'est hyper inspirant.

Marie 
Merci à toi

Hermine 
Est-ce que tu as envie de rajouter quelque chose avant que je coupe l'enregistrement ?

Marie 
Oui, je rajouterais juste que je te souhaite bonne chance pour la sortie du programme parce qu'on sait que c'est un gros travail et qu'on m'avait dit à l'époque où j'ai sorti mon programme "il a beaucoup de messagers et il a un seul message"

Hermine
Merci !

Marie 
Chaque messager.e est différent.e pour transmettre le message. Donc au final, la concurence, les choses qui se ressemblent, les trucs comme ça... ce n'est pas très important quoi...  l'important c'est le message.

Hermine 
C'est clair !
J'irais même jusqu'à dire "qui se ressemble s'assemble".

Du coup je suis ravie d'avoir collaboré pour cet épisode et peut-être d'autres choses...
J'ai d'autres idées en tête, je t'en parlerai après la fin d'enregistrement !...

Marie 
avec grand plaisir !

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