EP48 Part 1 – Shahnou Lov’




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Bonjour, je m’appelle Hermine Prunier, je suis l’hôte du TimeToBloom Podcast, l’émission qui croit qu’une amie extraordinaire comme celle que j’ai le plaisir de vous présenter aujourd’hui vaut mieux que tous les Jean-Mich Passables du monde.

Shahnou, je l’ai rencontrée au lycée et depuis, elle a toujours été là pour moi à travers toutes les épreuves, notamment lors de ma relation toxique avec mon ex & après la rupture aussi. D’ailleurs c’est aussi elle qui je crois, à le plus conscience de mon évolution depuis le lycée, spirituellement et émotionnellement. C’est elle qui est le plus à même de se rendre compte de tout le chemin que j’ai parcouru par rapport à mon point de départ et des challenges sur ma route… probablement parce que c’est elle qui est dans ma vie à l’origine de mon éducation spirituelle et sensibilisation à l’importance de se donner du self-love et ce biiiiien longtemps avant mon premier chien tête en bas.
Ainsi, on peut dire que d’une certaine façon, elle est mon premier Guru ! Guru Shahnou !

  • En effet, c’est elle qui la première m’a appris que c’est important de s’accorder du temps pour prendre soin de soi, qu’il s’agisse de faire la sieste ou de passer sans culpabiliser une journée intentionnellement “contre-productive”.
  • C’est aussi elle qui m’a appris que tout le monde ne fonctionne pas de la même façon, qu’on a beau nous imposer un modèle à suivre de performance et de réussite, nous ne sommes pas tous pareils et il est parfaitement honorable de respecter ses propres besoins et métabolismes.
  • C’est elle qui m’a appris la première à sortir un peu de ma tête “tu pourrais faire décoller une fusée juste à la puissance de tes ruminations”.
  • C’est elle qui m’a appris à relativiser, à ne pas tout prendre personnellement, à me mettre plus à la place des gens…
  • C’est elle qui m’a accompagnée psychologiquement à travers les épreuves les plus dures de ma vie et qui m’a appris à mettre de limites pour me protéger,
  • et c’est aussi elle qui a été là pour célébrer toutes mes victoires personnelles & m’encourager dans tous mes projets !

    Mais ce qui est vraiment incroyable avec Shahnou c’est que ce qui est vrai pour moi l’est aussi pour TOUT SON ENTOURAGE ! C’est vraiment la meuf qui pour sa dizaine de meilleur.e.s ami.e.es  est dispo à n’importe qu’elle heure du jour ou de la nuit pour nous venir en aide, qui ne compte pas ses heures pour apaiser nos coeur, qui a toujours le mot juste pour nous remonter le moral ou pour nous remettre les idées en place et toujours avec le bon ton.

    On ne dirait pas comme ça mais les mots me manquent pour décrire à quel point Shahnou est une amie extraordinaire... Du coup j’ai demandé de l’aide à quelques unes de nos meilleures amies communes :

Anissa “Shahnou c’est d’abord un membre de ma famille, mais ma cousine mais c’est plus que ça, on s’aime comme des sœurs, je peux même dire que c’est ma moitié”
Aurélie “C’est drôle parce que c’est finalement une des amis que j’ai le moins vu au cours de ces 10 dernières années à cause de la distance, mais finalement c’est une des personnes dont je suis resté le plus proche”
Anna “Alors pour décrire notre Shahnou… c’est vraiment très compliqué comme question je trouve ! Mais y a quand même une évidence pour moi : elle résume très bien cet équilibre Yin & Yang tu sais ? Avec son côté extrêmement englobant, maternel, qui permet - enfin en tout cas moi qui me rassure me permet d’affronter les choses - et qui ouais maternel finalement  qu’elle peut avoir son sourire dans ses rires.."
Aurélie “Elle a toujours les bons mots”
Anissa “Et en fait je sors de ce véhicule, je sonne (en pleine nuit ndlr) et puis elle m’ouvre “mais qu’est-ce qui se passe” et ben là j’ai éclaté en sanglots “il m’a laissé, je sais pas ce qu’il fout, il prend des drogues et il est en boîte avec ces pétasses” ! Bref… on a passé la soirée… moi à pleurer et elle a me faire des tresses sur le crâne”
Aurélie “C’est vraiment la première personne que j’appelle quand il m’arrive quelque chose qui me touche. Le nombre deux fois ou dans un taxi ou sur le quai d’une gare après m’être fait larguer… c’est Shahnou nous que j’appelle quoi ! Elle a dû m’entendre en pleurs un nombre de fois, où je hurler un nombre de fois…”
Anissa “Et je peux en raconter plein des anecdotes comme celle-là, des fois que je dormais seule chez moi, et étant en décalage horaire avec avec toi - ma moitié là - bah en fait c’est toi que j’appelais parce que je savais que t’étais réveillée et que moi je faisais des insomnies parce que j’angoissais de dormir seule.”
Aurélie “Je l’appelle parce que visiblement elle va toujours trouver les bons mots, elle va te réconforter, elle va savoir quoi dire et savoir quand il faut crier avec toi et engueuler quelqu’un avec toi ou quand il faut te calmer ou te dire que tu vas trop loin…”
Anna “Et de l’autre côté,  ce côté parfois un peu brutal tu sais, où elle va vraiment… bah appuyer là où ça fait mal - mais c’est aussi son métier d’ailleurs à travers les massages d’appuyer là où ça fait mal - pour débloquer débloquer des situations. Elle sent les choses."
Aurélie “Moi j’ai fait des massages shiatsu incroyables avec elle. Qui m’ont aidée à m’aligner mes émotions, avec mon corps, comprendre des choses sur moi que je n’aurais pas forcément compris autrement”
Anissa “C’est destination sécurité dans ses bras, sa sagesse et sa bienveillance et son oreille qui est toujours à l’écoute.”
Aurélie “Quelqu’un qui sait que tu dois faire ton propre chemin et qui va pas essayer de trouver des solutions pour toi ou qui va toujours un peu te remettre en place quand tu quand tu commences trop à te plaindre mais elle va te dire que c’est à toi de faire ton chemin, elle va t’accompagner, elle va t’encourager, elle va te dire quand c’est bien et quand elle voit que tu as changé. Elle a le recul pour voir que tu avances en fait.”
Anissa “Bisous”

Presque 4 min plus tard et encore j’ai du couper pas mal de leurs éloges parce que sinon il aurait fallu y consacrer un épisode entier ! Bref, tu l’auras compris, la femme que je te présente aujourd’hui est vraiment quelqu’un de spécial. J’espère que sa sagesse servie avec son humour impacable te toucheras autant que moi et tous ses amis ! Bonne écoute !


Hermine
Bienvenue ma chérie et merci infiniment d 'avoir accepté mon invitation pour partager un peu de ta précieuse sagesse avec les auditrices du Time to Bloom Podcast !

Chanachan 
Hello ! Merci à toi, merci à vous qui écoutez de supporter tout ce qu'on va dire.

Hermine
Pour commencer, est que tu peux te présenter ?

Chanachan 
Oui, alors je suis l 'amie de cette fantastique personne qui est Hermine, ou comme je l 'appelle moi, Mimine. Je suis… Qu 'est -ce que je peux dire ? Je suis thérapeute de profession et je suis shiatsuqui et dans la massothérapie, la médecine chinoise, tout ça, tout ça. Mais bon, disons que j 'ai quelques outils dans ma boîte à outils que j 'utilise un selon les besoins de  mes patients. Quoi d 'autre ? J 'ai 35 ans... c 'est dur de se présenter. C 'est la première fois que je fais ce genre de choses, donc, il falloir composer avec le fait que je sois prise au dépourvu sur une question aussi banale que "présente toi". On va 'appeler Shahnou, je pense, parce que c 'est le tendre surnom que tu me donnes aussi. Du coup, je vais me présenter en tant que Shahnou parce que ça veut dire pas mal de choses pour moi. Et voilà, je suis quelqu'un qui a vécu un peu partout. J 'ai des racines un peu partout. Du coup ça se reflète beaucoup dans ma vie parce que j des ami.e.s de un peu partout et des passions, des hobbies de un peu partout aussi. Pour moi c'est une richesse d 'être un peu éparpillée... Voilà, je sais pas si ça te suffit comme présentation.

Hermine 
Oui, c'est très bien, c'est juste pour mettre un cadre, mais clairement, c'était la question la plus difficile.
Effectivement, moi, comme la plupart de tes amis, on t 'appelle Shahnou et d 'ailleurs, il y a une expression qui a été créée pour décrire le réconfort et les bons conseils que tu nous apportes à nous, tes ami.e.s. C 'est le fameux "Shahnou Love". Est que tu peux nous en parler ?

Chanachan 
La vérité, pense que c 'est plutôt à vous d'en parler parce que c 'est vous qui avez décidé d'appeler ça comme ça. Est-ce que toi déjà tu peux me dire qu est-ce que tu entends par le "Shahnou Love" et je peux rebondir dessus ?

Hermine 
Ok, je dirais que le « Shahnou love », c'est au -delà de la relation amicale. Parce que, comme tu l'as très bien dit lors d'une conversation un jour : les relations amicales, c'est de l'amour vraiment parfaitement conditionnel. Donc c'est de l 'amour qu on travaille vraiment quotidiennement à cultiver, etc. Mais au-delà de cet amour amical qu'on peut avoir entre deux ami.e.s, donc le « Shahnou love » c 'est le truc en plus que tu nous offre. Un aspect tellement maternel et thérapeutique justement que quand c'est la marde dans nos vies, on a tendance à t'appeler toi parce qu'on sait que si c'est vraiment la merde, si on est vraiment en détresse, peu importe la raison, t'es toujours là à n'importe quelle heure du jour et de la nuit. Tu ne comptes pas tes heures, puis tu prends vraiment le temps. C 'est déjà arrivé que tu plaques tout ce que tu avais sur le feu pour aller voler au secours d 'une copine ou d 'une cousine pour aller t'en occuper jusqu'à ce qu elles aillent mieux. Et selon la situation, tu vas avoir différents outils justement que tu vas utiliser. Peut-être les massages, mais ça peut être juste le fait de donner un bain, comme aussi le fait de toi prendre un bain.
Je me souviens d 'une fois où tu as pris un bain et j 'étais à ce moment -là dans une crise existentielle pas possible. Je m'en souviens particulièrement de ce jour-là j 'ai réalisé que ça faisait des années que je n'avais plus pleuré. Et c'est toi qui m'avais dit, "si tu pleures pas devant moi, tu vas pleurer devant qui ?" C'était une thérapie. Et puis le Shahnou Love, passe aussi beaucoup par la cuisine. Tu nous fais à manger comme personne. 'C'est tout un truc où ...Je sais pas, un petit peu comme un ange gardien, tu...tu interviens au bon moment avec la bonne pression parfois, parce que parfois il faut des caresses, mais parfois, comme dans un massage, il faut appuyer plus fort pour que le noeud se défasse. Voilà. Du coup, parfois, le Shahnou Love, fait mal, attention !

Chanachan 
Oui, j 'aime bien la comparaison !
Déjà merci parce que c'est quand même super mignon tout ce que tu dis. C'est sûr que j'ai du mal à voir ça comme le Shahnou Love comme si c'était un truc qui m'appartenait, mais c'est normal, c'est moi.
Je te dirais que j'ai vraiment grandi dans l 'amour. J'ai grandi avec des parents amoureux. Je suis un enfant issu de l'amour. Mes grands -parents - en tout cas paternels - amoureux aussi. Donc je suis un enfant né dans l'amour. Et pour moi en fait le Shahnou love comme vous allez l'appeler, pour moi c 'est tout simplement le love en fait, l'amour avec un grand A. Pour moi il y a pas d'amour romantique, d'amour fraternel : l'amour c'est l'amour. Et après tu peux rajouter d 'autres choses là -dedans, que ce soit du sexe, de la fraternité etc.
Donc pour moi, c'est comme ça que j'exprime mon amour vers les gens que j 'aime, envers les gens tout simplement. Est-ce que c'est le « Shahnou Love » ? Est -ce que c'est le « love » ? Je ne pas. Mais disons que c'est ma manière d 'exprimer comment je vous aime et comment je tiens à vous.
J'aurais du mal à exprimer c'est quoi le Shahnou Love parce que c 'est tellement... C 'est juste ma façon de comprendre les relations. Je suis quelqu'un qui a fait quand même pas mal de chemin, pas mal de travail - comme beaucoup de gens hein. Mais de toute façon dans mon métier, quand tu veux être dans le soin et dans l 'accompagnement, t'as vraiment plutôt intérêt à travailler sur toi sinon... ça être super compliqué !  Bref, au -delà du fait que j'ai grandi dans l'amour et que j 'ai eu énormément de chance : j 'ai été extrêmement privilégiée dans mes relations amicales et familiales, même s 'il y a eu des problèmes, je le sais, je comprends le privilège que j'ai eu de grandir dans l 'amour disons.
Il y a aussi ce côté où, en fait, dans la thérapie, le but, c 'est d'accompagner une personne. T'es là pour lui expliquer la vie, t'es pas là pour l'éduquer, t'es pas ses parents. Pour moi, un.e thérapeute, c'est quelqu'un.e qui tend la main, en fait, et qui dit "écoute, je peux te tenir la main, et puis ça va être un peu plus facile d 'avancer ensemble." Et du coup, le but, c 'est pas de forcer ce que toi tu penses ou travailler avec ton ego, c'est vraiment travailler avec ton cœur. Et j 'ai un peu pris ça et je 'ai un peu mis dans mes relations amicales, même s 'il y a des choses qui sont innées, il a des choses qui sont apprises, parce que j'ai pas toujours été comme ça, on s'entend. Je suis quelqu'un qui peut être vraiment intense aussi. Mais avec le temps et avec la pratique, tu comprends qu'en fait, être là pour quelqu'un c 'est avant tout être la personne dont cette personne a besoin à ce moment-là, donc si à ce moment-là cette personne a besoin d'une caresse, bah tu vas lui faire une caresse. Si à ce moment-là cette personne a besoin d'être secouée bah tu vas t'exécuter. En fait moi je vais toujours essayer de faire ça ou en tout cas au maximum de demander implicitement à mes ami.e.s et mes patients « qui veux-tu que je sois pour toi maintenant ? » Parce que c'est sûr qu'il a des situations où en fait si on s 'écoute, on va prendre une batte de baseball et puis on va casser les genoux de quelqu'un. Ça m'est arrivé plus d'une fois... mais à quoi ça sert en fait ? C'est pas ce dont cette personne a besoin à ce moment -là.

Hermine 
On y reviendra ! On y reviendra à ça !
Ca me plaît beaucoup parce qu'en fait, à travers ce Shahnou love, je trouve que tu nous enseignes le self-love. Et c'est ça, c'est la dimension particulière, je trouve, qu'il a au Shahnou love. Et puisqu'on en est dans les définitions : il a une conversation qu'on a eu récemment, que j 'ai adorée au sujet de la réussite. En effet, la plupart de nos ami.e.s ont tou.te.s le CDI de rêve avec le gros salaire, les gros investissements, les gros engagements, les grosses responsabilités. Bref, la réussite, entre guillemets, telle qu'elle est définie par la société. Et toi, tu as une vision tout à fait différente de la réussite. Est que tu peux nous partager ta définition personnelle ? 

Chanachan (11:11.942)
Oui, complètement.
Je suis obligée quand même de dire que, encore une fois, je suis quelqu'un qui est extrêmement privilégié. Je n'ai pas eu à m'inquiéter de "où est -ce que je vais dormir le soir". J'ai toujours eu un toit sur la tête. J'ai toujours eu assez à manger pour survivre. Oui, je me suis retrouvée dans des situations pas très agréables, mais disons que je savais que j 'aurais toujours un endroit où je pourrais me retourner, j'aurais toujours ma mère, etc.
Donc ça, c'est quand même très important parce que tout monde n'est pas dans une situation qui permettent d'avoir l 'espace de pouvoir philosopher sur la réussite. Si j 'étais dans une situation extrêmement précaire je n'aurai pas le luxe et le privilège de pouvoir avoir accès à ce genre de pensée.
Pour moi, c'est quand même important de le préciser.
Je comprends que quand je vais parler un peu de ce qu'est pour moi la réussite, c'est facile de dire ça aussi dans mon contexte.

That being said : Une partie de ma famille est ultra technocrate. Le classique, t'es médecin, t'es avocat, sinon ça pue le caca quoi.
Et une autre partie de ma famille qui est complètement à l'extrême opposé, qui s'en fout complètement.

Donc ça m'a pas mal tiraillée. Je voulais faire certaines études, puis finalement j'ai pas fait ce que je voulais faire parce que c'est pas assez bien...

Personnellement je ne suis pas française mais j'ai grandi dans l'éducation française donc j'ai hérité aussi des valeurs qui étaient très belles valeurs. En tout cas à notre époque à nous quand on était à l'école, tu fais un bac général et c'est tout. C'était ça le truc à faire... Je sais qu'aujourd'hui ça a un peu changé, tant mieux, mais nous on a un peu eu ce truc où il fallait être intellectuel.le,  de faire des études ultra intellectuelles et puis plus la pression familiale, blablabla, on se retrouve un peu à faire des choses pour faire plaisir. Du coup moi je me suis lancée dans des études que j 'ai détestées, donc je les ai abandonnées, puis j'ai fait des études du coup de socio-psycho. Evidemment, ma famille ultra technocrate était là, "mais qu'est-ce que tu fais, c'est n'importe quoi?" J'ai écouté ma petite voix intérieure qui a dit, en fait,  je vais le faire pour moi. Enfin, c'est ce que je pensais... Finalement, au bout de quelques années -attention, j 'ai adoré mes études, je ne regrette absolument pas, mais j 'ai traversé des moments extrêmement difficiles économiquement à ce moment-là, parce que j'ai fait mes études au Canada, j'étais seule, j'ai dû les payer seule, c'était extrêmement cher parce qu'il n avait pas d'accord avec mon pays natal, bref... Du coup, à un moment donné -j 'ai réalisé après, j'étais très jeun - mais à ce moment-là, je me sentais perdue. Je pense un peu comme pas mal de gens à 23, 24, 25 ans. Le pire âge qui existe sur cette planète selon moi : t 'es pas vraiment adulte, t'es pas vraiment enfant, puis voilà, tu sais pas vraiment...  Perso je me disais "j'aime mes études mais en même temps je sais pas" c'était un peu l'explosion dans ma tête. D'ailleurs tout a fini par exploser en éclats. J 'étais juste plus capable de rien, même les choses du quotidien. C'était pas possible. C'est là que j 'ai commencé à vraiment me poser beaucoup de questions. Je me suis dit, "mais pourquoi ? Pour qui je fais ça ?"Et je là, je me rappelle que je voulais avoir cette plaque avec écrit docteur et mon nom de famille.
Et genre, leur prouver en fait que j'ai bien fait de faire ça. J'étais dans un égo-trip et là j'ai réalisé "mais attends, tout le fric que je suis en train de mettre là-dedans, toute l'énergie que je suis en train de mettre là-dedans". J'étais en train de donner raison à des valeurs qui ne sont pas les miennes en fait.
Et du coup j'ai dû complètement me couper de ma famille pendant très longtemps pour moi revenir aux valeurs qui sont les miennes... Ma famille a de très belles valeurs aussi, attention. Mais j'avais besoin de revenir vers les valeurs qui faisaient du sens pour moi. Et du coup, je me suis remise en question sur le côté "réussite". Pour moi, la réussite, si je suis complètement honnête, à ce moment -là, c'était il faut que t'ai une carrière. Une carrière qui soit classe. Tu vois ce que je veux dire ? Que les gens se disent "wow, my god, elle a un gros cerveau, celle -là". C'était important pour moi d'impressionner en fait. Mais c'était pas vraiment important pour MOI... et je suis dit, mais "that's really fucked up" parce que je fais des études pour aider les gens, pour comprendre, pour améliorer notre société parce que je m'étais mis vraiment dans tout ce qui était environnement, écologie, tout le tralala.

Du coup, j 'ai tout lâché, mais genre tout. Je détestais que j'étais en train de devenir, ma manière de penser, c'était pas moi. Donc je me suis coupée de tout ça pour revenir à mon essence.
On en parle comme ça en 10 minutes, mais ça a pris des mois. Beaucoup de thérapies, beaucoup de pleurs... beaucoup de remise en question. Et puis est arrivé le moment de grâce pour moi.
C'était le moment où j'ai réalisé que ce qui importe pour moi c'est d'avoir la paix.
Pour moi, la réussite, c'est la paix.
La paix intérieure. Et pour moi, dans mon cheminement, la paix elle s'est trouvée dans les choses que je n'ai pas faites. Dans les choses que je ne suis pas devenue, dans les rêves que je n'ai pas réalisés. C'était ça la paix pour moi. D'être en paix avec tout ce que je n'ai pas fait.
J'ai fait le deuil de tout ça, de tout ce que je ne suis pas et tout ce que je ne suis plus, disons, c 'est là où j 'ai vraiment ressenti une vraie forme de réussite, en fait. Parce que j 'étais enfin en paix, j 'étais plus complètement tiraillée et c 'était un tourment.
Du coup, je me suis sentie tellement plus forte quand je suis revenue vers des gens qui ont été durs avec moi. C'était une forme de protection, peut-être... mais bref, ça, c'est une autre question. Je n'ai jamais été aussi à l'aise de parler de mes échecs, alors qu'avant... Même mes réussites j'en parlais avec une certaine agressivité, alors que là je suis genre "oui, je comprends tout à fait, c'est comme ça que toi tu vois les choses, mais moi je me sens tellement bien en fait, je me sens vraiment en paix avec ce que je n'ai pas fait, et je me sens encore plus en paix avec ce je suis en train de faire en fait."

Et ça me vient d'un moment qui m'a profondément marquée quand j'étais en Suède et que je travaillais dans un spa. J'y ai rencontré une femme, la quarantaine, adorable, qui avait une fille d'à peu près 18 ou 20 ans. Elle était brillantissime, avait eu une carrière de dingue, elle gagnait beaucoup d'argent puis elle a fait un burn out. Et là, elle travaillait juste à 80% dans le spa, elle n'avait pas un salaire incroyable et elle me disait, "en fait, moi, je m'en fous. Je veux juste pouvoir rentrer le soir dîner avec ma fille. Et puis j'ai mon petit taf, je fais mon petit truc, je fais mes petites courses et je rentre et j'ai jamais été aussi heureuse de ma vie." Pour elle, c'était juste une discussion entre collègues autour d'un café quoi, mais pour moi cette conversation, elle a vraiment... je sais pas, tu sais parfois il suffit d 'un mot en thérapie, parfois il suffit d 'une phrase qu'une copine te dit ou même un étranger dans la rue et puis ça va vraiment te faire un déclic... that was it for me. J'ai tellement couru derrière le fait d'impressionner, j'ai tant chercher à me pousser et en fait c'est juste pas moi... good for you hein si t 'es du genre à l'américain, genre le mec crie, "you gotta push through" C'est bien hein mais moi ils me fracassent la tête. You do you, tu vois.
I'm not that person.
Je veux la paix plus que le bonheur. Pour moi, la paix c'est le bonheur. Et du coup, cette conversation a été vraiment un moment extrêmement pivot pour moi où ça a vraiment mis un point final à tout ce process, disons.
C 'était une très longue définition. Désolée.
Mais j 'ai obligé de raconter un peu comment j'en suis venue là, parce que je pense vraiment pas être la seule personne qui a eu un peu cette trajectoire. Surtout dans notre génération, il a beaucoup d 'entre nous qui à 35 ans changent de boulot, plaquent tout machin... Enfin, on a tous des gens dans cette situation dans notre cercle. C 'est monnaie courante, comme on dit. Donc voilà, c'est ça pour moi la réussite.
Encore une fois selon moi, mes valeurs, c'est placé politiquement, économiquement, socialement etc. 

Et ça ne veut pas dire qu'une autre forme de réussite n'est pas une réussite en soi. Si pour toi la réussite c'est économique parce que tu veux mettre tes parents en sécurité, tes enfants, etc... Great ! Évidemment, je ne dis pas qu'il y en a une qui est meilleure que l'autre. Par contre, je pense que c'est très important d'être raccord avec la forme de réussite qu on a décidé d'atteindre dans sa vie.

Hermine
Oui et surtout dans le milieu du yoga - comme tu disais - il y a plein de technocrates qui quittent tout pour se lancer dans l 'enseignement, c'est très, très, très courant.
Et ta définition était d'autant plus parfaite que ma transition m'est servie sur un plateau...
Justement au yoga et souvent dans des postures d'équilibre où en fait on devrait faire tout sauf être dans nos têtes à ressasser "il ne faut surtout pas que je tombe, il faut que je montre, il faut que JE ME montre et il faut que je montre aux autres que je suis capable de rester en équilibre, que je suis capable de maintenir la posture, que JE SUIS CAPABLE..." Du coup, ça donne des élèves qui sont tou.t.e.s crispé.e.s dans leurs postures comme par exemple dans la posture de l'arbre et tu peux le voir sur leurs tête tu vois... parfois je leur parledes photos thermiques là j'ai l'impression que toute la chaleur est concentrée dans la tête et il 'y a plus rien dans les extrêmités...
Et du coup je voudrais que tu expliques une certaine question que tu me posais dans le passé... quand je te racontais tout ce qui n 'allait pas dans ma vie parce que je suis moi-même une spécialiste du turbinage et du ruminage...
A ce stade, mes élèves auront peut-être déjà reconnu cette fameuse question, parce que je la leur pose à mon tour souvent en cours, en général justement pendant ces postures d'équilibre où je les vois être dans leur tête plutôt que dans leur corps...  je suis sûre que tu vois de quoi il s'agit donc je vais te laisser en parler mais avant ça je dois préciser que la première fois que tu me l'a posée j'étais vraiment perplexe parce que c'était longtemps avant que je commence le yoga et je me revois tout au téléphone genre... "the fuck ?!"

Chanachan
"Et sinon, comment vont tes pieds ?"

Hermine 
En vrai, t'as déjà quasiment répondu avec la question précédente : au lieu de se prendre la tête et être dans son égo, il faut lâcher prise et revenir à ses racines.

Chanachan
Oui... complètement... entre autres, mais encore ! haha
En fait, il y a plusieurs choses qui m'amènent à toujours parler des pieds.
Déjà, j'ai une grand-mère un peu... un peu comme dans les contes de fées, la sorcière dans sa cabane dans la forêt... Bref, quand on est en recherche d'une élévation spirituelle, c'est extrêmement important de se grounder, d'avoir vraiment les pieds qui prennent racine. Pourquoi ? Parce qu'on dit que la tête est dans les étoiles et les pieds sont sur la terre, enracinés, et puis "nous", le corps est entre les deux. Du coup, l'équilibre, c'est d 'avoir un équilibre justement entre ces deux-là. Si on est trop dans les pieds, on n'est pas dans la tête, si on est trop dans la tête, on n'est pas dans les pieds.
Dans la pratique du shiatsu qui s'inscrit dans tout ce qui est médecine chinoise, les pieds sont aussi extrêmement importants parce que c'est le contact avec le sol, avec la matière, avec le vivant et évidemment plein de pratiques de massothérapie et de thérapie en général qui vont dans les pieds, parce que tout est relié aux pieds.
Pourtant, on a tendance un peu à les négliger alors que c'est eux qui nous portent quand même, c'est eux qui nous font avancer, c'est eux qui nous font marcher...
On nous pousse vraiment beaucoup réfléchir - ce qui est très bien - mais c'est vrai qu'il un peu une lacune aussi sur le fait de s'enraciner, se grounder, se sentir stable. Et tout ça, c'est les pieds en fait...
Du coup, pourquoi je demande toujours comment vont tes pieds ? C'est pour pouvoir décharger la tête énergétiquement parlant et d'envoyer cette énergie au niveau des pieds.
Quand on pense à nos pieds, et quand on est en train de faire des postures qui sont complexes, quelles que soit, que ce soit du yoga ou quoi que ce soit en fait, si tu penses pas à tes pieds, où est-ce qu'ils vont aller, etc., ça va être un peu compliqué. Après, je pense aussi dans le yoga, je voulais rebondir là -dessus c'est que la pratique du yoga - tu le sais mieux que n 'importe qui - a été extrêmement pervertie aussi par une appropriation occidentale d'une pratique ancestrale, - on va pas faire un cours d'histoire, c'est pas le moment - mais du coup, ça a été pervertie, c'est devenu aussi quelque chose dans la performance, dans la performativité, blablabla, faut se pousser.
Du coup, quand tu vas être là dans ton cours et que tu dois performer cette posture où tu dois toucher ton coude avec ta langue et en même temps tu fais le cloche -pied, c 'est normal que c'est compliqué en fait... bien sûr que t'es dans ta tête et que tu te dis "attends est-ce que j'ai un poil de cul qui dépasse ? Est-ce que je transpire de la raie ? Est-ce que... machin ?" C'est normal, parce que t'es plus dans la pratique en fait, t'es dans la performance.

Hermine 
C 'est la raison pour laquelle 99 ,9 % ma pratique personnelle, je la fait seule chez moi parce que j 'ai rien à prouver à personne. Je suis pas Hermine la prof qui doit montrer aux gens autour ce que je sais faire pour qu'ils/elles viennent dans mes cours. Je suis Hermine qui pratique. 

Chanachan 
Oui, bien sûr, ça doit être extrêmement agréable aussi de se retrouver dans des cercles de pratique où on est pour la pratique et pas pour la performance, parce que la performance n'a pas lieu d 'être, selon moi, dans ce genre de pratique. Oui, mais parce qu'encore une fois, ça s'inscrit dans une société, voilà, bref ce que je veux dire c'est que c'est très important de revenir à ses pieds quand on est en espèce de ébullition dans sa tête. Parce que tes pieds c'est eux qui touchent le sol, à part si tu marches sur les mains mais au final, c 'est tes pieds qui sont connectés et on a tendance un petit peu à les oublier. Donc si ça te parle, imagines des racines qui partent de tes pieds, etc. Ou tout simplement, va ta faire une pédicure ou toi-même te faire un massage, ça débloque aussi pas mal de tension au niveau de cette zone là, des trapèzes, de la nuque et tout et tout... J 'adore les pieds. Je vais toujours aller regarder les petits petons des gens et leur poser la question. Comment ça tes pieds ? 

Hermine
Not in a weird way, je précise.

Chanachan
Maybe in a wierd way ! 

Hermine 
Dans une de mes télé-réalités préférées une meuf l 'a dit aussi à une nana qui était en train de faire une anxiety attack. Elle lui a dit take your head where your feet are. Et je voulais aussi rebondir par rapport à l'aspect du yoga : se mettre vraiment dans les pieds, c'est justement le signe d'une pratique avancée, performante du yoga. En effet, on appelle ça "pada bandha", le verrou des pieds. D'ailleurs, une de mes professeurs, Talia Sutra, qui est une yogi ultra avancée, dit que c'est exactement comme de brancher la prise de l'ordinateur dans le mur et elle fait la démonstration avec le chargeur de son ordi en disant "si tu poses la prise comme ça sur la multiprise, ça ne va pas faire grand chose pour ton ordinateur. Si intentionnellement tu branches les pics de ta prise dans la multiprise, alors là tu commences à prendre l'énergie du sol". Et rien qu'en le faisant assise, je me redresse spontanément et le mental redescend en même temps donc c'est vraiment tout à fait magique. Aussi, les postures de yoga ont quelque chose de tout à fait métaphorique. On stresse le mental avec des postures compliquées sur le tapis parce qu'on veut justement réussir à mieux gérer notre mental et notre système nerveux quand on se retrouve dans des positions compliquées dans la vie. Voilà, c 'est tout ce que je voulais rajouter. Tu as quelque chose que tu veux dire encore là-dessus ?

Chanachan 
Non, mais je trouve ça super intéressant.

Hermine 
Super, écoutons, on continue.


Rdv la semaine prochaine pour la seconde partie de l'épisode avec Shahnou 🙂 

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